Extraits (suite) |
TARENNE | Préambule | Sommaire | Itinéraire | Conception | Méridiana | Liens | Nouvelles |
Dans la journée du 9, un front froid nous désempare. Il est brutal, et passe de 35 à 50 nœuds rapidement, sans que j’aie le temps de réduire suffisamment la toile. TARENNE se couche, j’enroule le foc, mais il me reste une bande de ris dans la grand-voile et l’artimon. Le pilote hurle en raison de son incapacité à tenir le voilier. Je le débranche et me mets à la cape presque face au vent. Le bateau se redresse, le pilote est réactivé et l’artimon s’affale très rapidement. Cela va mieux, je déroule quelques mètres carrés de foc puis nous repartons, trop vite à mon gré. La mer devient dure. Les vagues balayent le pont. L’eau entre dans le puits à chaîne par le davier. La nuit arrive, le vent rugit dans les haubans. Il faut que je réduise encore. J’hésite à me rendre sur le pont car la mer déferle et cela évolue dangereusement. Nous dérivons sur la Punta Barra (35 milles). Je vire de bord pour me mettre en fuite, malencontreusement TARENNE se dirige droit sur la côte. Afin d’éviter ce cap, l’étrave est orientée au près. Impossible de serrer davantage le vent car les vagues donnent de véritables coup de bélier qui ébranlent TARENNE. L’une d’elles s’écrase sur le roof qui laisse échapper un craquement. Il me faut absolument réduire la voilure. À quatre pattes et sans harnais que je ne mets jamais (choix qui favorise une grande liberté de manœuvre à condition de se sentir en toute possession de ses moyens) ; je rampe sur le plat bord. A l’aide d’une lampe frontale sur la tête, j’atteins péniblement le pied de mât… (à suivre)
Ce périple m’a permis d’apprendre que l’ennemi de l’homme n’est autre que l’homme. La rencontre et l’observation d’autrui à travers le voyage sont les meilleurs procédés pour se prémunir de sa perfidie. Avec l’adhésion d’Annie, mon rêve s’est accompli. Il a été le moteur de l’action. Cette magnifique expérience à permis de dévoiler les qualités insoupçonnables de mon épouse. Toujours disponible, elle a été en dépit de sa phobie du vent, une équipière remarquable d’efficacité. TARENNE, fier voilier né de notre pensée et de la dextérité de nos mains, s’est montré fiable et très robuste. Physique dans les manœuvres, il nous a toujours tirés des situations les plus difficiles. A travers l’angoisse et l’enthousiasme, la peine et la joie, cette merveilleuse aventure a produit des fibres qui ont tissé la toile d’une partie de ma vie. Cette fresque, lorsqu’elle sera clouée au mur de l’oubli, conservera toujours les marques d’une épopée que mes petits enfants pourront parcourir dans ce livre |
Extraits de récit des derniers chapitres |
RÊVE ACCOMPLI |